Colloque à l’abri des pins
Colloque à l’abri des pins
Musée de Shanghaï.
Gravissant le mont en direction de la pure clarté,
Pas à pas on pénètre la nature non révélée.
Les rayons du couchant éclairent en bas les flots du fleuve ;
Là-haut dans le ciel frais se purifient mille cimes.
La Porte de Pierre garde toute la beauté de l’heure,
Alors que du crépuscule déjà émerge la lune.
Montant toujours vers la chaumière du Maître Lointain,
Une sente suspendue au flanc du pic solitaire...
A travers nuages voici la lueur de la lampe :
Sous les pins se font entendre les pierres musicales.
Face à face, hôte et visiteur hors de la parole :
Cœur-palpitant soudain gagné par la paix du Clian.
Qian Çi (722-780 ?)
Les pins sont à l’encre sèche soulignant la rugosité des troncs : un lavis léger, à peine coloré, dessine le pic solitaire.
Les trois amis sont croqués quant à eux à la pointe du pinceau réservé
aux fines calligraphies. Vent et pluie montent du fleuve. La réalité ne
saurait être autre chose qu’une incantation : nous sommes là où nous
parlons.
source : Shitao, François Cheng, Phébus