Le vert
Le vert est la couleur de la nature au printemps. Cette
couleur est associée à l’eau. Elle correspond à la renaissance de la nature,
à la croissance, à la jeunesse, à l’expérience.
C’est à la fois l’éveil de la vie ("verte Jeunesse")
et sa pérennité "il est encore vert"). C’est une couleur féminine, centripète,
réflexive (différente du rouge masculin) aussi bien chez les Chinois
que chez les Barbares. Elle est donc tiède, accueillante, comme la nature
printanière. Elle génère la connaissance, donc la justice. Cette notion de croissance et de justice expliquait au
Moyen Age le chapeau des évêques, pasteurs qui guidaient vers les
verts pâturages, mais aussi les chapeaux verts des médecins et
apothicaires car ils utilisaient des plantes, et cette couleur est restée
celle des pharmaciens dans l’Armée. Dans la mythologie celtique, l’île des bienheureux,
l’Irlande, était la Verte Erin. En Chine, elle correspond au Tschen - ébranlement
- ce qui correspond au jaillissement de la nature au printemps et aussi au bois,
à l’espérance, à la force, à la longévité,
donc à l’immortalité. En Inde, les eaux primordiales vertes donnèrent
la vie et Vishnu, porteur du monde, est une tortue au visage vert. La déesse
de la matière philosophale qui naît de la mer de lait a le corps
vert. L’homme vert
ou Khidrn Khisr ou al Khidir patron des voyageurs incarne la providence divine.
Il trouva la source de vie, fait trouver l’eau et protège les navigateurs.
En Inde on l’appelle Khawadja Khidir et on le représente assis sur un
poisson et générant les fleuves. Au paradis musulman les saints sont vêtus de vert
comme le prophète car ils sont la connaissance. Dans son traité
de l’homme parfait (Insam-ul-Kâmil) Jili attribue la couleur de l’émeraude
à la Terre des dévotions, un des sept limbes de la terre, habité
par les Jins qui croient en Dieu. Pour le christianisme le vert représente la régénération
de l’âme, la charité, la sagesse, c’est la couleur de la Vierge
et de L’Enfant Jésus et du Christ après sa crucifixion. La croix
et les instruments de la passion étaient représentés en
vert au Moyen Age. Les vêtements liturgiques de la messe sont verts pour
certaines fêtes. Dans l’Apocalypse, Saint Jean décrit la vision
de Dieu : "ce qui siège est comme une vision de jaspe et de cornaline,
un arc-en-ciel autour du trône est comme une vision d’émeraude". Dans le cycle arthurien, le Graal est un vase d’émeraude
ou de cristal vert le plus pur, car il contient le sang de Dieu. La vision de
Saint Jean est vraisemblablement l’origine du Graal. Le vert est donc manifestation de l’Amour et de la Sagesse
divine dans la création, origine de la vie, donc beauté, jeunesse, vigueur, force vitale. Il s’identifie
à la régénération de la nature et aussi à
la régénération spirituelle avec l’espérance de
l’immortalité.